EdF - Benzema, le sous-doué des Bleus
Impressionnant sur les terrains de Ligue 1, Karim Benzema a bien du mal à justifier son étiquette de surdoué en équipe de France où son comportement déroute et son association avec Thierry Henry est encore loin d'être au point.
"Je vise le plus haut niveau mondial", a coutume de dire l'attaquant lyonnais. Mais du rêve à la réalité, le chemin s'avère plutôt tortueux. A 20 ans, Benzema a sans doute déjà fait le tour de la question en L1 où sa supériorité technique et physique est éclatante. Une classe d'écart le sépare de ses principaux concurrents de l'élite qu'il a dominés en 2007-2008 (20 buts) et qui semblent encore condamnés cette saison à suivre ses exploits de loin. Mais le passage entre le club et la sélection est un exercice périlleux et le Lyonnais peine encore à s'affirmer au plus haut niveau mondial.
Les louanges n'ont fait que pleuvoir sur son crâne après son but plein d'instinct inscrit contre Manchester United (1-1) à Gerland en 8e de finale retour de la Ligue des champions, le 20 février, et les plus grands clubs du continent ont alors montré leur intérêt pour un avant-centre dont la puissance et l'efficacité rappellent étrangement le Brésilien Ronaldo, son idole.
Cet exploit reste pourtant bien le seul réussi par Benzema sur la scène internationale et aujourd'hui ce sont sa nonchalance, son air détaché, et cette fâcheuse impression qu'il dégage de pratiquer un sport individuel qui sautent aux yeux sous le maillot bleu. Avec quatre buts en 15 sélections dont un doublé contre les modestes Iles Féroé, et deux buts en amical contre l'Autriche et la Suède, le bilan est encore bien maigre et la France doit encore s'en remettre au métier de Henry, unique buteur tricolore à l'Euro-2008.
"Ce n'est pas dans ce genre de matches-là qu'on confirme quelque chose", avait même osé le sélectionneur Raymond Domenech, le 13 octobre 2007, après les deux buts réussis par Benzema aux Féroé. Le Championnat d'Europe des nations a confirmé les limites du Lyonnais. Tétanisé par l'enjeu face à la Roumanie (0-0), écarté contre les Pays-Bas (1-4), transparent lors du dernier match de la poule remporté par l'Italie (0-2), et recadré par les cadres de l'équipe (Thuram, Makelele) pour des problèmes de discipline, Benzema a été hors sujet tout au long du tournoi.
Sur le plan technique, sa complémentarité avec Henry n'a toujours pas sauté aux yeux après sept titularisations en commun, chacun donnant l'impression de jouer sa propre partition. Le dernier match contre l'Autriche (défaite 3-1) en a été une nouvelle illustration. A l'heure où l'équipe de France cherche une relève en attaque pour épauler son recordman de buts (45) vieillissant (31 ans), Benzema tarde à répondre aux attentes. Les Bleus et leur sélectionneur n'ont pourtant pas de temps à perdre.