JO - Natation Phelps dans la légende

Le doux rêve des 8 médailles d'or de Michael Phelps s'est concrétisé ce dimanche avec la victoire du relais américain lors du 4x100m 4 nages.
Tous les superlatifs ont été utilisés concernant Michael Phelps . Résumer le nageur de Baltimore à «plus grand nageur de l'histoire de la natation» semble finalement un bon compromis. Pour achever le festival de la semaine dans le Water Cube de Pékin, le relais américain a en effet offert sur un plateau sa 8e breloque à l'élève de Bob Bowman. 8 médailles d'or rien que sur cette olympiade, 7 records du monde, 14 médailles d'or en tout depuis 2004 (record historique pour un athlète dans les JO), 16 médailles accrochées autour de son cou en tout ! L'homme s'était fixé le record de Spitz (7 médailles d'or en 1972 à Munich) comme objectif pour devenir non pas le Mark Spitz II, mais le Michael Phelps I. Le seul risque finalement dans cette finale du relais 4x100m 4 nages pouvait venir d'une disqualification d'un des Américains un peu trop pressés de célébrer l'un des siens. Car sur le papier, le quatuor Peirsol -Hansen -Phelps-Lezak n'avait pas de concurrents à son niveau. Pourtant tout ne fut pas simple. Le premier relais passé en tête par Peirsol, devant les Russes et les Australiens, les Américains pensaient avoir fait le plus dur. Mais ce n'était pas le cas car Hansen se ratait quelque peu (notamment contre un énorme Kosuke Kitajima ) et contraignait Phelps à nager à bloc. Le papillonneur claquait un 50''15 lors de son 100m, et lançait Jason Lezak sur la route du sacre. Malgré un ultime retour de l'Australien Eamon Sullivan (46''65 sur son 100m nage libre), les Américains résistaient, établissant au passage un nouveau record du monde : 3'29''34 (ancienne marque référence à 3'30''68). Phelps achève ainsi en pleine gloire sa semaine de travail en Chine, ses 17 plongeons dans le bassin pékinois, ses quelques 70 kilomètres nagés depuis le début des compétitions... L'objectif annoncé de Michael Phelps avait de quoi donner le tournis. L'Américain était venu chercher pas moins de huit médailles d'or à Pékin. Mission accomplie pour la «torpille de Baltimore». Et avec panache qui plus est ! Moins bien que le héros mythologique Hercule et ses 12 travaux, Phelps a en revanche effacé des tablettes le légendaire Mark Spitz , titré à sept reprises lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972.

7 records du monde

A lui tout seul, Phelps aurait pu figurer au 4e rang du tableau des médailles dimanche ! Le plus fort, c'est que ce dernier y a mis la manière, améliorant 7 records du monde (la plupart du temps les siens) en finale. Son pari aurait pourtant pu rapidement tourner court. Après un 400m 4 nages dominé de la tête et des épaules le dimanche, l'Américain croyait un temps perdre toute chance de grand chelem dès la deuxième course, le relais 4x100m. Menée à l'entame du dernier relais, la bannière étoilée l'emportait à la touche grâce à Jason Lezak, au nez et à la barbe d'Alain Bernard. Un signe du destin... Le protégé de Bob Bowman avait avoué avant la compétition craindre plus que tout le relais tricolore. A juste titre. «En me voyant réagir, vous voyez clairement que c'était sympa. Je n'ai jamais autant célébré une victoire de ma vie. Dans les 10-15 derniers mètres (de Lezak), j'étais tellement énervé que j'en ai perdu ma voix», témoignait-il après coup.

Le plus titré des JO

Dès lors, rien ne semble pouvoir empêcher le nageur de réaliser la plus grande razzia de l'histoire. Le 200m nage libre (mardi), le 200 m papillon, le relais 4x200 m libre (mercredi) et le 200m 4 nages (vendredi) confirment l'impression d'invincibilité de l'homme du Maryland, qui devenait au passage le sportif le plus titré de tous les temps avec 12 médailles du métal le plus précieux (il en avait déjà glané six à Athènes), dépassant les athlètes finlandais et américain Paavo Nurmi et Carl Lewis , la gymnaste soviétique Larysa Latynina , et le nageur Mark Spitz (9 titres chacun). Oui mais voilà, Phelps avait laissé des forces dans la bataille alors que se présentait le 100m papillon (samedi).

Un centième qui change tout

Celui-ci avait d'autant plus de pression que son compatriote Ian Crocker, détenteur de la référence planétaire, était présent en finale. C'est pourtant d'un autre homme que venait le danger. Parti à la ligne d'eau n°4, le Serbe Milorad Cavic démarrait en trombe. Phelps devait cravacher pour faire son retard dans la deuxième longueur de bassin. Il le comblait in-extremis, les images laissant même penser qu'il était vaincu. L'Américain lui-même le pensait : «J'ai pensé que mon dernier mouvement de papillon m'avait fait perdre la course. Mais il s'est avéré que c'est ce dernier mouvement qui a fait la différence. Je ne trouve plus mes mots.» Pour un petit centième, il devançait finalement Cavic (50''58 contre 50''59) ! Un verdict que la délégation serbe avait du mal à encaisser. Mais malgré un recours, la Fédération internationale entérinait le résultat. Un doute persistera toutefois, du moins dans la tête du grand perdant du jour : «Comme nous le savons tous, la technologie est imparfaite. Il est possible que ça ait mal fonctionné.» Le 4x100m 4 nages (dimanche) en conclusion des épreuves de natation, n'était presque qu'une formalité. En difficulté après le passage de passage à la brasse de Brendan Hanson, Phelps, en papillon, remettait le relais US sur les rails d'un nouveau record de monde, Lezak terminant le travail avec brio en libre (3'29''34). Tout simplement «Phelpsnoménal» !